28 décembre 2014 : souvenirs

On s'est toujours beaucoup aimé, toi et moi. Ainsi l'avaient voulu nos parents. Toi, mon grand frère, mon ainé de 10 ans, celui qui, gentiment, me faisait des croche-pied quand j'apprenais à marcher dans le couloir de notre maison. Mais je me vengeais, tout aussi gentiment, quand tu devais me garder en l'absence des parents, et que je hurlais en pleurant quand je me découvrais seule dans la chambre, toi parlant avec tes copains juste derrière la porte. Je le faisais juste pour t'ennuyer. Tu le savais. Je le savais.

Tu m'as donné confiance en moi, me stimulant à être meilleure que toi, toi que j'admirais tant... toi que j'ai tellement peur de perdre.

Quand nos parents sont décédés, un jour tu m'as dit : "de toute façon, tu étais leur préférée". Mais non ! NOUS étions leurs préférés. Toujours ils te citaient en exemple devant moi. Toujours ils me glorifiaient devant toi. Nous étions leurs amours, leurs petits, ceux dont ils étaient si fiers.

Je pense que tu as fait de ta vie du bonheur. Du bonheur pour toi, pour ta petite femme, pour vos enfants et petits enfants. Du bonheur pour moi.

Je me souviens qu'un jour tu m'as dit : "si papa ne sait plus te payer tes études, dis-le moi, je te les paierai, moi, car tu dois en faire, tu es la meilleure". Comment ne pas aimer un frère comme toi ?...

André, mon frère, je ne veux pas que tu partes, pas maintenant, pas comme ça. Je hais ces petites bestioles qui te mettent en panne tout en te dévorant doucement, rapidement, profondément, irrémédiablement. Je veux que tu vives ! Pour une fois, fais donc ce que ta petite soeur te demande !