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La chouette vagabonde

Lire, manger, se promener, découvrir... des coups de gueule, voyages, passions, lectures... ou les derniers hôtels dans lesquels je me suis arrêtée; parfois, des recettes de plats régionaux, une fleur qui vient d'éclore ou le presque silence d'un matin qui se lève sur la ville...

17 mars 2018 : On nous dresse les uns contre les autres pour mieux nous museler.

Publié le 17 Mars 2018 par Claudine Bel in Journal, Billets d'humeur, Belgique, Boulot, Capitalisme, Chômage, Pression, Travail, RéponseAuxEnseignants

Les gens pensent toujours que leur sort est pire que celui des autres. Mais dans le monde d'aujourd'hui, beaucoup de boulots, pour ne pas dire tous, sont pénibles.

Si officiellement le temps de travail est fixé à 38 heures par semaine pour une majorité, on est souvent plus proche des 42 ou 45 heures, sans compter les déplacements quotidiens, les lectures ou préparations de dossiers, les mails auxquels on répond le soir parce qu'on n'a pas eu le temps durant la journée... On doit atteindre des objectifs, au risque de sanctions financières ou licenciement. On a aussi la pression des clients devenus de plus en plus exigents. On est soumis aux critiques de toutes parts par des gens qui ne savent pas en quoi consiste notre travail, par des politiques qui coupent dans les budgets ou allongent les carrières sans concertation.

Enseigner c'est fatiguant ? Oui, comme beaucoup d'autres professions.

Dans le privé, devoir partir former des adultes à l'étranger durant une semaine à répétition, c'est perçu par les gens comme super, c'est des vacances, la découverte d'autres horizons... C'est vrai. Mais c'est aussi devoir s'organiser pour abandonner sa famille durant cette semaine, devoir supporter les formalités liées aux vols, la vie finalement inconfortable d'un hôtel (on n'est pas en vacances, et y travailler n'est pas forcément des plus faciles). C'est aussi devoir préparer sa matière pour le lendemain, et devoir arriver, dans un laps de temps bien défini, à atteindre les objectifs fixés parce que après, on n'est plus là. Ceci n'est qu'un exemple...

Il faut arrêter de se plaindre et de croire qu'on est le plus mal loti. Il faut arrêter de penser qu'autour de nous le reste du monde glande alors que nous, on crève. C'est ensemble qu'on doit s'opposer à ces mesures que prend le gouvernement et qui visent à allonger notre temps de travail et à accélérer son rythme, à augmenter la pression sur nos épaules. Cette pénibilité du travail est anormale, dans un monde où les technologies existent pour aider l'humain dans ses tâches.

Si dans le système actuel il est compréhensible que le gouvernement doive prendre des mesures pour maintenir un semblant d'équilibre pour la sécurité sociale, si l'allongement de la durée de vie peut être un prétexte (je refuse de dire une explication) à l'allongement des carrières, je me refuse de penser qu'il n'y a pas d'autres solutions, bien meilleures. La réduction collective du temps de travail en est une. L'allègement de la pression au travail par le partage de celui-ci en est une autre. Recréer un esprit de solidarité pour qu'on oeuvre ensemble pour le bien commun est aussi un morceau de la solution. Je pourrais encore citer des exemples tels que l'allocation universelle, et la revalorisation de valeurs autres que celle de l'argent. Car ce qui nous tue, finalement, ce qui rend les élèves des enseignants si fatigués nerveux, voire agressifs, c'est le fait de ne pas avoir d'avenir, de ne pas même en voir un petit bout à l'horizon.

De quoi demain sera-t-il fait ? Où seront les boulots ? Quels seront les moyens de subsistance ? Que coûteront les loyers ? Comment vivrons-nous ?... Nous sommes tous dans la même barque, hormis les capitalistes qui se remplissent les poches de plus en plus au détriment des petits que nous sommes. Nous sommes dans un système qui permet qu'"on" envisage d'augmenter le salaire d'un CEO à 3 millions d'euros sous prétexte que c'est dans la norme de ces salaires alors qu'on vire ces fainéants de chômeurs glandeurs qui ne trouvent pas de boulot. Les banques qu'on a dû aider à tenir la tête hors de l'eau redistribuent aujourd'hui des dividendes à leurs actionnaires tout en licenciant des milliers d'employés. Est-ce normal ?

On nous dresse les uns contre les autres pour mieux nous museler. Et ça marche : on a peur de demain, on la ferme et on ne bouge pas...

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B
le monde évolue et est de plus en plus compliqué, je peste quand je vois les charity show où on demande aux smicards d'aider les précaires ...
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C
Tu as rasion, Bernie. J'ai l'impression que la "mutualisation étatisée" de l'aide aux plus démunis n'est plus que de lhistoire ancienne. Sous prétexte de responsabilisation de ceux qui ont du mal à s'en sortir, on réinstaure indirectement la charité. Et ce ne sont pas forcément les plus riches qui paient...