41... 41°C ce midi. Certes, c'était au soleil. Mais il faut bien avouer qu'à midi, il est difficile de trouver de l'ombre. Donc à midi, je me suis trainée péniblement jusqu'à la voiture pour aller manger un bout dans une petite pizzeria locale, la cantine étant toujours fermée. Aujourd'hui, non loin d'Alger, des bois se sont mis à brûler...
Aujourd'hui, la journée de travail fut bonne. "Nos" Algériens avaient fait les devoirs qu'on leur avait donnés. Belle approche, qu'on a commentée. Leurs yeux s'ouvrent sur des choses que jusqu'à présent ils n'avaient pas encore remarquées. On ne veut pas transposer chez eux les habitudes de nos régions européennes, mais on veut qu'ils se mettent dans la peau de l'autre, du moins valide, du plus pauvre, du plus chargé et encombré... dans la peau de celui qu'on ne veut pas voir devenir une statistique.
Aujourd'hui, nous avons été bons, structurés, efficaces, bien mieux qu'hier qui nous vit désorganisés. Aujourd'hui, nous avons tous avancé dans la même direction, guidés par un fil invisible, commentant, échangeant, partageant, nos expériences, les leurs, adaptant dans la bonne humeur et le respect mutuel.
Aujourd'hui, pour la première fois, on a refusé de me serrer la main pour me dire bonjour. Mais ce refus fut souriant, expliquant que cela ne lui était pas permis. Mais nos mains se sont portées spontanément sur notre coeur et j'ai simplement dit que je comprenais et me suis excusée dans un sourire, et j'ai eu un sourire en retour. Et cela ne nous a pas empêchés d'être face à face dans la salle "de cours", de sourire et plaisanter, de convenir de procédures, d'échanger des idées pour qu'un peu de l'Europe enrichisse l'Algérie. Et en fin de journée, quand nous attendions notre taxi pour rentrer à l'hôtel, dans le petit local des gardiens, près de la barrière, une petite voiture s'est arrêtée, a donné un petit coup de klaxon, et "notre" grand barbu s'est penché avec un grand sourire pour nous saluer de la main. C'est sûr, il était content de la journée passée en notre compagnie. Alors qu'est-ce qu'une main qu'on ne peut pas serrer ? Ce qui compte le plus, c'est tout le reste qui fut dit, tout ce qui fut partagé spontanément, tout ce qu'on a pu se donner...