14 mai 2016 : les agents de la SNCB manifestent

Ce matin, en gare de Liège Guillemins, tous les trains à quai étaient vieux, laids, et bien plus courts que ce que d'habitude ils sont. Les clients étaient perplexes, se demandant s'il n'y avait pas un changement de voie de dernière minute. Des agents de la SNCB, calmement leur expliquaient que "oui oui, c'est bien le train pour Bruxelles. Oui oui, celui de 6h40. Mais il ne prendra pas la voie rapide. Il mettra donc un quart d'heure à vingt minutes de plus que d'habitude. Mais vous pouvez aussi prendre celui de 7h01 si vous voulez."... sans dire si celui de 7h01 ne prendrait pas non plus la voie rapide et donc du retard.

Ce matin, en gare de Liège Guillemins, je me suis dit que sans doute, pour dénoncer les manques de moyens récurrents de leur entreprise, les agents de la SNCB avaient décidé de manifester leur mécontentement à leur façon : sortir leur plus vieux matériel, réduire le nombre de voitures au maximum, entasser les clients dès le départ d'un train qui aurait très vite une indigestion de passagers.

Ce matin, assise seule à la table de ma cuisine alors que mon monsieur est dans un vieux train peinturluré roulant péniblement vers Bruxelles, je constate qu'il n'y a plus de café dans ma bouteille thermos. Je vais devoir en refaire car je ne suis pas encore tout à fait réveillée. J'ai déjà vu un arc-en-ciel et pour ne pas changer il ne fait pas chaud pour la saison sous le ciel lourd des pluies qui vont encore abreuver des terres déjà saturées d'eau.

Ce matin, je me dis que le train train quotidien n'est guère rose. Des joueurs de football gagnent des millions juste à courir après une balle pour le plaisir du peuple, des hommes et femmes politiques en gagnent tout autant en décidant de réduire les revenus du peuple, des fonctionnaires exécutent des décisions de ceux-là en éjectant des droits sociaux une frange déjà fragilisée de ce même peuple, et des vieux trains peinturlurés roulent péniblement vers Bruxelles.

Ce matin, en regardant la gare de Liège Guillemins, si grande, si chère, et les petits trains peinturlurés qu'elle accueillait, je me disais, une fois encore, que le monde va mal. Je ne sais pas vers quoi on va mais on y va. Comme ces vieux trains : on finira bien par y arriver...