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La chouette vagabonde

Lire, manger, se promener, découvrir... des coups de gueule, voyages, passions, lectures... ou les derniers hôtels dans lesquels je me suis arrêtée; parfois, des recettes de plats régionaux, une fleur qui vient d'éclore ou le presque silence d'un matin qui se lève sur la ville...

Je devais partir quelques jours à Paris pour le boulot.

Publié le 10 Août 2018 par Claudine Bel in Billets d'humeur, Belgique, Boulot, Voyages, Liège, Anecdotes, Train

Station du métro parisien - Source : La Libre du 20 octobre 2016

 

Je devais partir quelques jours à Paris pour le boulot. C’était à l’époque du chantier de la gare des Guillemins. De tous côtés ça sciait, clouait, marteau-piquait…

Je m’étais installée à ma place : ordi sorti de sa mallette et déjà prêt sur la tablette, sac à main dans le coin de la banquette, manteau suspendu au crochet, valise dans le rangement ad hoc, … Bref ! j’étais prête à mettre à profit mon trajet pour préparer les slides des exposés que j’allais devoir faire les jours suivants. Une chose me manquait, cependant : un dernier bisou de mon monsieur qui restait là, sur le quai. Je suis donc sortie rapidement sur le quai pour ne pas empêcher la montée des autres passagers, et on s’est fait un bisou, ou deux, ou trois, puis je me retourne… et vois la porte du train se fermer devant moi. Horreur ! Mes affaires s’en vont sans moi à Paris ! Et dans quelques minutes mon monsieur prendra le train pour Bruxelles, boulot oblige. Le bruit du chantier était tel que je n’avais pas entendu l’annonce débitée par une voix sourde dans des haut-parleurs crachoteurs. Que faire ? Procédons par ordre : trouver le responsable au képi rouge, fait ; lui signaler ma bévue et demander ce que je dois faire, fait ; aller mettre mon monsieur dans son train et se faire un bisou sur la marche d’entrée (eh ! on ne nous aura pas deux fois !), fait ; aller racheter un billet pour le train suivant,… ah ben non, pas fait : mon sac à main est dans le train en direction de Paris, avec mes sous, mes cartes bancaires… Bon ben déjà réserver ma place dans le train suivant (ouf ! j’ai en face de moi une personne qui comprend très vite la situation et accepte « de me faire crédit » le temps d’aller chercher de l’argent à la maison). Retour maison, alors. Ben oui mais… pas d’argent pour payer le taxi. Honnêteté : « Monsieur, j’ai un gros problème ridicule : toutes mes affaires sont dans le train pour Paris et moi je suis là, en chemisier et sans un sou. Je dois absolument aller chez moi rechercher de l’argent pour mon nouveau billet et reprendre quelques vêtements… , et mon train est dans trois-quarts d’heure ». « Montez ! Vous habitez où ? »… Petit crochet chez ma fille qui a un double de la clé de la maison (Ouf ! Elle était là !). Arrivée à la maison, fourrer un pantalon et deux chemisiers dans un sac, pas de sac à main car pas vraiment nécessaire, une veste, trouver le bocal aux pièces de deux euros, sortir de la maison, refermer la porte à clé, grimper dans le taxi et retour aux Guillemins. « Non non, madame, il ne faut pas me payer, c’est un service que je vous rends ». « Un tout tout grand merci, monsieur, c’est super sympa ! ». Courir au guichet, payer la dame qui me fait dépasser les autres clients (j’ai honte… « merci, merci ! »), courir sur le quai, voir le monsieur au képi rouge qui me fait des grands signes en venant vers moi : « J’ai prévenu l’accompagnateur du train que vous deviez prendre. Il s’occupe de vos affaires, ne vous tracassez pas. Quel est votre nouveau numéro de place ? Je vais le lui communiquer. Il s’arrête à Mons. Il sera sur le quai avec vos affaires ».

Installée dans le train qui poursuivait mes affaires parties seules faire une virée à Paris, j’étais sereine. Les slides se mettaient en place. Pas de gsm (en chemin sans moi vers Paris, lui aussi) donc pas de dérangement. Les paysages défilaient de l’autre côté de la fenêtre. Mon reflet me souriait. Finalement, Mons est très près de Liège quand on a dans la tête plein de choses auxquelles penser…

Le train s’arrêta. J’entendis la porte s’ouvrir. Les passagers descendaient l’un après l’autre. Par la vitre, je l’avais vu et je les avais reconnues : l’accompagnateur était là, souriant, portant mon ordi sur une épaule dans sa mallette à bandoulière, mon sac à main à la main, et sur son autre bras mon manteau ; ma valise était à ses pieds…

De ces formations que j’allais donner à Paris, je n’ai finalement que peu de souvenirs. Mais j’aurai toujours en mémoire une expression que j’aime déformer : « Qui trop embrasse manque le train », et la gentillesse efficace et serviable de tous ces charmants employés. Merci  encore à tous !

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N
Quelle aventure !!!! Mais cela t'a permis de voir que souvent les gens sont prêts à rendre service sans rien attendre en retour , juste le plaisir de faire plaisir !
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C
Eh oui ! Ce sont finalement des instants comme je les aime.<br />